La Cité Résidence du Parc à Méricourt est inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Elle va prochainement être réhabilitée par Sia Habitat. La grande majorité des habitants a voté pour cette réhabilitation mais il y a aussi des craintes et beaucoup de questions liées à ce processus délicat. La parole est donnée aux habitants en leur proposant de garder des traces sensibles de leurs logements mais aussi en réalisant des portraits et en collectant leurs témoignages. Voici ci-dessous quelques passages de ces échanges.
Marjorie : « On habite dans cette maison depuis l’an 2000. On est venu pour avoir plus de place. Ici, il y avait deux maisons séparées qui maintenant n’en font qu’une. Là où vous me voyez, je suis entre les deux maisons. Le problème c’est que d’un côté c’est Rouvroy et de l’autre c’est Méricourt. La première année, on a dû payer deux taxes d’habitation. Depuis ça s’est arrangé, on dépend de Méricourt. La frontière elle est là, dans le salon. Mon garçon dort à Méricourt et moi à Rouvroy. On s’amuse avec ça. Dès fois, je lui dit : va à Méricourt, dégage dans ton coin. »
« On a voté contre les travaux. Ce qui me gène, c’est surtout de tout débarrasser. La maison est en bon état, on n’a pas d’humidité. Mais bon, si il faut déménager ce serait plutôt en juillet ou en août. Par contre je veux rester dans la maison pendant les travaux ! »
Eric : « J’habite dans cette maison depuis 1995 mais j’ai grandi dans le quartier. Maintenant avec l’informatique tout le monde est cloitré, avant c’était plus vivant, on était tous mélangés, c’était la bonne période. J’avais des amis polonais, marocains, algériens, italiens. On échangeait et on apprenait beaucoup de choses de chaque culture. On s’invitait à la maison, on sortait ensemble. Pendant les soirs de Ramadan, on jouait au loto au café maghrébin de Sallaumines. En face de la fosse du 4/5 sud de Méricourt, il y avait aussi un café. C’était le café des mineurs et par respect on n’y allait pas. »
« Mes beaux souvenirs d’enfance sont liés à la fosse. J’allais parfois y chercher mon père le matin quand il sortait du travail. Il y avait un terrain vague et on allait jouer là-bas avec les copains. On fabriquait des arcs et des flèches et on jouait aux cowboys sur les petits wagonnets qui transportaient le charbon. On n’avait pas le droit et bien sûr on se faisait engueuler ! ».
Eric A. : « J’habite ici depuis 2008 mais j’ai toujours vécu à Méricourt. Ce qui me plait dans cette partie de Méricourt, c’est la tranquillité, on se croirait presque à la campagne. Je m’entends bien avec les voisins et ça aussi c’est agréable. On se rend des services. »
« J’ai voté pour les travaux, j’ai même préparé une liste ! La maison est froide, il n’y a pas de placo, la chaudière tourne à fond. »
Anne-Marie : « Cela fait 35 ans que j’habite dans cette maison. Ici c’est la pièce aux géraniums. Je les rentre pendant l’hiver et je les ressors au printemps. J’adore les géraniums ! »
« Quand on est arrivé, la maison était sale et il n’y avait même pas de branchements électriques. Dans la salle à manger, il y avait 6 couches de papiers peints et 8 couches dans la cuisine. C’était une horreur ! On a tout refait nous-mêmes, petit à petit. La maison était tellement humide qu’il y avait un trou dans le mur au niveau des escaliers. Au début on n’a rien vu jusqu’au jour ou j’ai reçu sur la tête un cageot de fruits remplis de clous qui était derrière le papier peint cachant le trou. Avec l’humidité, il est tombé tout seul. J’étais au mauvais endroit. Sur le coup, ça m’a choquée mais après on a rigolé avec mon mari. »
« Aujourd’hui, il y a encore de l’humidité et c’est pour ça que j’ai voté pour les travaux. Par contre, ce que je ne veux pas c’est qu’on touche à l’escalier. C’est mon mari qui l’a refait tout seul. Il travaillait de nuit et il ne voulait pas que j’aille voir avant que ce ne soit fini. »
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