Nous avons tous chez nous des objets qui ont une valeur sentimentale. Ce sont des objets du quotidien, une photographie, une lampe, un dessin, une vielle radio, une pendule… Ces objets, à première vue, banals nous renvoient à des histoires intimes, immatérielles et souvent profondes. Voici quelques objets photographiés dans plusieurs logements de la Cité Résidence du Parc. Les photographies sont accompagnées des témoignages des habitants qui nous racontent des histoires sensibles.

Daniel : « C’était mon camion quand j’étais artisan : un Citroën HY. C’est mon fils qui m’a offert cette reproduction. J’étais couvreur – zingueur de 80 à 87. À l’époque je l’avais acheté 5 millions neuf. En anciens francs. Je l’ai gardé 7 ans, il a bien travaillé, je le chargeais à mort.
En 1987, je l’ai mis en vente. Le camion était garé à côté de la maison. Quelqu’un de Rouvroy est venu pour l’acheter, ça s’est fait rapidement. Pendant la négociation, mon fils est venu pour me dire que des agents de la police voulaient me voir. La vignette de ma carte grise était périmée. Ils m’ont dit qu’ils allaient me verbaliser mais heureusement je venais de le vendre. Tout s’est joué à deux minutes, je venais de barrer la carte grise, je n’ai donc pas eu d’amende, ni l’acheteur d’ailleurs. Quand les policiers sont repartis, le futur propriétaire a rigolé et on a bu l’apéro après. J’ai quand même eu mal au ventre de vendre mon camion ! »

Séverine : « C’était la lampe de mineur de mon père. Il a travaillé au fond à la fosse 5 de Sallaumines, puis à Douai. J’ai un papa courageux. Il a été jusqu’à Lens depuis Sallaumines sous la terre. Mon père, c’est mes deux yeux ! Dès qu’il sortait sa mobylette, j’allais faire un tour avec lui. On faisait la tournée de la famille. »
« Ici le sol bouge et un jour j’ai demandé à mon père : si je tombe, j’atterris où ? Il m’a dit : tu verras les panneaux direction Lens. Maintenant à 73 ans, il est garde pêche. C’est sa passion ! Moi aussi j’aime bien pêcher. J’ai gagné une fois le concours – au blanc – en pêchant une carpe de 6 kilos. On était une centaine, j’étais fière ! En plus, on avait fait la bringue la veille. On étaient tous alignés avec un numéro. Les voisins, ils étaient pas très contents. J’avais le bon numéro : le numéro 1 ! »

Joanna : « Cela fait une cinquantaine d’années que j’habite dans cette maison. Mon mari était agent de maîtrise pour les Houillères. Le charbon était déversé sur le boulevard et on le ramenait à la brouette pour le déverser dans le trou de cave. C’est là où on rencontrait tous les voisins. On sortait tous en même temps. »
« À la Sainte Barbe, les Houillères organisaient le banquet des employés et une fois on a offert à mon mari cette horloge murale. Regardez, en trente ans elle n’a pas bougé. Il y tenait beaucoup et moi aussi ! C’était dur à l’époque mais j’en garde de beaux souvenirs. On avait pas tous les avantages de maintenant mais je trouve qu’on était plus heureux. »

Lucienne : « J’habite dans cette maison depuis 12 ans. Je suis Bretonne, de Dinan mais je n’y suis jamais retournée. J’avais 4 ans. Pendant la guerre, on est parti à Paris. J’ai été mariée 3 fois ! Cette photographie, c’est moi lors de mon premier mariage à Amiens. C’est un beau souvenir, j’étais jeune, j’avais 23 ans. »
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