Paroles d’habitants #4

La Cité Résidence du Parc à Méricourt est inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Elle va être réhabilitée par Sia Habitat. La grande majorité des habitants a voté pour cette réhabilitation mais il y a aussi des craintes et beaucoup de questions liées à ce processus délicat. La parole est donnée aux habitants en leur proposant de garder des traces sensibles de leurs logements mais aussi en réalisant des portraits et en collectant leurs témoignages. Voici ci-dessous quelques passages de ces échanges.

Sonia : « Je suis arrivée dans cette maison en 1999, j’ai toujours habité Méricourt. Je travaillais dans le transport. J’étais conductrice de bus sur des lignes régulières et sur des lignes de voyages. J’ai été en Ecosse, en Espagne, en Hollande, en Belgique, en Pologne, en Angleterre et jusqu’en Ukraine. Le dernier voyage en Ukraine, c’était il y a dix ans avec une association du Nord. On est allé chercher des enfants de Tchernobyl à Kiev. Ils venaient un mois chez nous et la radioactivité partait pendant 9 mois. Je voulais prendre un jeune à la maison mais avec mes trois enfants plus le travail ce n’était malheureusement pas possible.
J’ai fait ce trajet pendant trois ans. On y allait au mois de juin, on revenait puis on les re-déposait un mois plus tard. On prenait un autre groupe et ainsi de suite jusqu’au mois d’août. On faisait toujours un arrêt à Cracovie. Une fois arrivé à Kiev, pour le retour, on partait en convoi de cinq bus. Je roulais avec Stéphane, ça tête était un vrai gps. Il était incroyable, il allait une fois sur un site et il savait y retourner ! J’aimais bien rouler avec lui. On s’engueulait mais on s’aimait bien.
En Ukraine, on ne peut pas rouler de nuit et il n’y a pas d’autoroutes. Quand on réalise un convoi d’enfants, la police écarte tout le monde de la route. On était escorté par la police et ils mettaient même certains automobilistes dans le fossé : c’était impressionnant !
Je disais à Stéphane : on roule trop vite… Et il me disait : tu dois suivre la police, on s’en fout, tu fonces ! »

Jean-Luc : « Cela fait 25 que j’habite ici. Mes filles sont nées ici. Je suis originaire de Rouvroy et j’ai toujours habité des maisons des mines. Mon père était mineur. Il est toujours vivant, il a 85 ans et il vit à Rouvroy. Il a travaillé pendant 35 ans au fond à Méricourt, au 4/5 sud. Il partait de Rouvroy, du boulevard des italiens et il remontait le boulevard de la fosse 2. Les anciens mineurs se connaissent tous. Entre Rouvroy et Méricourt, c’est pareil. Ils travaillaient tous au 4/5 sud ou à la cokerie de Drocourt.
Mon père avait été blessé au fond, son pied a été broyé par une roche. Il a failli perdre sa jambe. Après il est passé au jour.
Maintenant il est très famille et il aime bien voir ses enfants et petits-enfants. Je vais rendre visite à mon père et à ma mère tous les jours. Les petits-enfants aussi. On est une famille soudée !

Le jardinage, c’est une transmission de mon père. Avant, il n’y avait pas de gazon dans les jardins. Tous les mineurs cultivaient ! Maintenant c’est moi qui m’occupe de faire le jardin de mon père et celui de ma mère, plus le mien bien sûr. Je ne plante que des graines bio anciennes. On ne les trouve pas dans le commerce, je les achète sur internet. Je plante des tomates, des courgettes, des concombres, des salades, des haricots… Je fais une rotation des cultures avec les 3 maisons.
Maintenant, j’ai préparé la terre pour planter et j’attends un peu que ça réchauffe. J’ai aussi préparé des minis serres en bouteille pour mes prochaines plantations.

J’ai plein de passions, la musique et l’histoire en font aussi partie… J’ai un ami qui est un ancien professeur d’histoire et on court ensemble. C’est l’occasion de parler d’histoire. On parle de Cicéron, de Trajan, d’Hannibal… Les gens, quand ils nous entendent, ils nous prennent pour des fous ! »

Sabrina : « J’habite dans cette maison depuis 1998. Je suis à fond pour les travaux ! La maison en a bien besoin. Ce qui m’inquiète ce sont les délais. J’ai hâte d’arriver dans ma maison toute rénovée et de pouvoir refaire la décoration. Ce qui me plait ici, c’est le voisinage et la tranquillité. J’essaie d’aider mes deux voisines qui sont plus âgées. On s’entend bien.

Je travaille chez un grossiste réservé aux fleuristes. Je m’occupe de l’étiquetage, de l’entretien des plantes, de l’arrosage et je suis également là pour conseiller les clients. À la base ce n’était pas une passion mais ça l’est devenu ! J’ai appris sur le tas, et j’ai beaucoup appris. J’aime mon métier et je travaille pour voyager. Il y a trois ans, j’ai été très malade et je me suis dit : il faut profiter, la vie est trop courte ! Il ne faut pas se plaindre. Depuis, j’économise pour voyager, j’adore découvrir de nouveaux pays et de nouvelles cultures. Mon dernier voyage, c’était à Cuba. Cette année je vais aller au Portugal. J’ai aussi été à New York, j’adore les voyages ! »

Fabrice : « On habite ici avec ma femme depuis 1993. Mais j’ai grandi dans la maison de mes parents. Quand on est arrivé en 1976, on allait se laver à la mine, on n’avait pas de douche à la maison. Et les toilettes étaient dehors. Maintenant c’est autre chose mais on a besoin des travaux pour rénover la maison. Il y a énormément d’humidité, une grande déperdition de chaleur et aucune isolation. On a hâte que les travaux commencent !

Avant, je travaillais chez Renault en tant que peintre carrossier. J’ai une passion pour les voitures et j’ai une belle collection ! Je n’ai que des voitures anciennes de marque française qui n’existent plus. Des miniatures bien sûr ! J’ai des Talbot, Berliet, Rosengart, Matford, Voisin, Monica, Salmson… »

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